Le choix des essences a été fait avec le guitariste : la table sera en Epicéa, le fond et les éclisses en Acajou. On veut privilégier la chaleur et la précision du son.
L'Epicéa retenu est de l'Englemann d'Amérique du nord.
L'Acajou est d'origine africaine, de la famille des Sipo, il est très coloré avec des mailles bien serrées et régulières. C'est un vrai plaisir de travailler ce bois !
Je commence presque toujours par le cintrage des éclisses. Pour cela j'ai fabriqué les cintreuses adaptées à chacun de mes modèles. La chaleur est générée par deux lampes halogènes de 500 watts.
Les éclisses, après cintrage, sont placées dans le moule pour les laisser se stabiliser. En effet le cintrage se fait avec de l'eau et de la chaleur, il faut attendre que toute cette eau se soit évaporée avant de continuer le travail.
Les contre-éclisses sont collées à l'aide de petites pinces tout le long des éclisses. Leur rôle est d'assurer la bonne surface de collage pour la table et le fond.
Les contre-éclisses sont collées et ajustées, ainsi que les deux blocs de fond et de manche.
Les deux demi-fonds ont été assemblés par collage bord à bord, on pose ensuite le renfort central. Celui-ci est réalisé en Epicéa avec le fil transversal.
Collage des barres de fond. Le barrage de fond est réalisé ici en Epicéa, on peut aussi le faire en Acajou. Je mets 4 barres à distances égales.
La jonction des éclisses est enjolivée par l'incrustation d'une pièce de bois en forme de cône tronqué. J'utilise une chute de la découpe des éclisses pour le réaliser, avec deux filets d'érable pour mettre la pièce en valeur.
Après ajustage et ponçage, l'incrustation offre un plus certain à l'esthétique des éclisses.
Les éclisses sont renforcées par la pose de renforts transversaux à espaces réguliers. Ces renforts ont pour but d'éviter que les éclisses se fendent en cas de choc, et si elles se fendent tout de même, de limiter la grandeur de l'ouverture accidentelle.
Le fond est collé aux éclisses puis le renfort de fond est prolongé des deux côtés jusqu'aux blocs.
Avant de fermer la caisse et coller la table, l'intérieur est vernis, fond, éclisses et barrage. Le but de cette opération est de retarder les changements d'hygromètrie, sachant que la sécheresse est le pire ennemi des instruments en bois !
Le barrage est collé sur la table d'harmonie qui est posée sur un plateau légèrement arrondi en creux. Les barres ont elles-même une base arrondie, ceci pour donner un léger dôme à la table.
Détail du barrage. Les deux barres du "V" sont incrustées dans la barre transversale grâce à deux pièces d'Epicéa rapportées.
C'est à cet endroit que s'exercent les forces les plus importantes sur la table : entre le chevalet et le bas de la rosace. Il faut supporter la tension des cordes sans pour autant empêcher la dispersion des vibrations... Dilem !
Le barrage est terminé, toutes les barres sont poncées et calibrées à la main. La plaque de chevalet est ici réalisée en Palissandre. Je vernis cette plaque pour lui donner un peu plus de dureté en surface.
Enfin je colle la table sur l'ensemble fond/éclisses et la boîte est fermée. Comptez le nombre de serre-joints...
La première opération après la fermeture de la caisse est la réalisation des feuillures qui vont recevoir les filets.
Pour le collage des filets, j'utilise de la bande adhésive en papier très ordinaire. Je protège néanmoins la table avec une légère couche de vernis pour que le bois ne s'arrache pas en retirant ces bandes adhésives.
Après leur collage, les filets sont ajustés et poncés. J'ai utilisé ici un filet de Noyer de 2mm d'épaisseur en extérieur, et un contre-filet intérieur bicolore blanc/noir en Erable. La partie noire est teintée dans la masse, mais c'est bien de l'Erable.
La Trussrod est inserrée dans le manche. J'utilise toujours des Trussrod double action de fabrication française, très légères et pas trop volumineuses. Cela permet de ne pas alourdir le manche inutilement.
Je fais le contour du manche à la main en utilisant deux rapes à bois et des abrasifs. C'est un travail délicat qui requiert beaucoup d'attention, en plus d'être consommateur en huile de coude !
Je pose le logo par transfert. Notez aussi la frette "zéro". Je trouve que cette solution améliore l'équilibre tonale de la guitare. En effet, que la corde soit jouée à vide ou frettée, la qualité du son est identique.
Je fixe le manche sur la caisse par deux boulons internes, la touche est, elle, collée sur la table. Cette solution me paraît la meilleure à long terme si un démontage doit être réalisé. Le travail est grandement simplifié pour détacher le manche de la guitare.
Collage du chevalet, ici en Palissandre. J'utilise une colle réversible qui permettra un futur décollage si besoin.